Résumé: Jusqu’à récemment, les manuscrits islamiques comportant des annotations en soninké écrites en caractères arabes sont passés inaperçus dans les bibliothèques européennes et les collections privées d’Afrique occidentale. Les éléments paratextuels de ces manuscrits, en particulier les références aux intellectuels locaux, donnent un aperçu des liens entre les textes, les individus et les lieux. Une étude attentive des paratextes conduit à l’identification de groupes distincts de manuscrits, les alignant sur des réseaux de savoir. Très souvent, les acteurs de ces réseaux sont reconnaissables dans leurs rôles individuels d’enseignants et d’étudiants. L’interaction entre les langues locales qu’ils utilisaient pour écrire, indique des méthodes spécifiques d’éducation islamique qui reliaient les différents groupes ethniques. L’article montrera comment les preuves manuscrites peuvent être utilisées pour reconstruire une image plus large de la tradition savante islamique en Sénégambie et au Mali aux 18ème et 20ème siècles.
Résumé: Les manuscrits arabes en Afrique subsaharienne constituent une énorme richesse et représentent un réservoir fondamental pour l’étude de la civilisation et des cultures africaines. A l’heure actuelle, il n’est pas possible de cerner le nombre de ces manuscrits éparpillés sur une vaste zone. Les index apparus ces dernières années sur l’Afrique subsaharienne demeureront incomplets tant que d’innombrables manuscrits seront encore enfermés dans des bibliothèques privées.
Cette recherche se propose de faire la lumière sur les facteurs et les circonstances qui ont contribué à l’émergence et à la diffusion de la culture des manuscrits et de ses traditions historiques, que ce soit en langue arabe ou dans les langues locales « Adjami » en Afrique subsaharienne, en mettant l’accent sur les mutations sociales les plus importantes qui ont engendré ces transcriptions en grandes quantités et qui ont nécessité l’utilisation de la lettre arabe pour l’écrire dans les langues locales tout en identifiant les canaux de communication qui ont contribué à sa diffusion.
Nous nous intéresserons aux principales stations historiques qui ont produit ces transcriptions, en se concentrant sur le XIXe siècle en raison de la production prolifique qu’il a connue. Nous prendrons le pays haoussa comme échantillon, étant donné l’expansion des manuscrits locaux rédigés en écriture arabe et la variété de ses domaines et de ses catégories.
Cette étude repose sur l’analyse des points suivants :
Déterminer les principales causes et circonstances qui ont contribué à l’émergence de la culture manuscrite en Afrique subsaharienne.
La diffusion des traditions historiques des manuscrits arabes et Adjamis.
Les réseaux intellectuels, sociaux et politiques qui ont contribué à sa diffusion
Les catégories des textes et leur importance historique
Résumé: La langue amazighe fait partie de la culture d’un groupe de peuples africains. Au sud du Maroc, à titre d’exemple, la langue amazighe de la Région du Souss prend les devants en termes de communication.
Avec l’interaction des érudits de ce pays à travers l’Histoire, avec les connaissances islamiques et les sciences de la langue arabe, une connaissance intime a émergé entre la langue amazighe et la lettre arabe. De là, est apparue une innovation dans l’approche de l’étude des divers problèmes de connaissance dont les manuscrits ont été l’une des manifestations les plus importantes.
Les Aït Souss (N.B : habitants du Souss) ont écrit en lettre arabe une grande partie de leurs connaissances législatives et arabes ce qui a permis de relever l’estime de la langue arabe à leurs yeux ainsi que l’émergence de productions de connaissances la servant. C’est le cas de manuscrits amazighs, qui sont considérés comme des encyclopédies, des systèmes et des transcriptions écrites en lettre arabe ce qui a permis de rapprocher la langue arabe des amazighophones, dont nous trouvons la trace dans les armoires de Souss.
Cette étude se proposera donc de mettre en relief les spécimens distincts de manuscrits du Souss en lettre arabe ayant permis de rapprocher la connaissance de la langue arabe en s’attardant sur quelques caractéristiques de son écriture et sur les principaux sujets qu’ils ont traité tout en se concentrant sur les encyclopédies écrites en lettre arabe.
Résumé: Dans cet article, je propose de m’appuyer sur des recherches antérieures concernant les marques de lecture dans les manuscrits coraniques. Cette recherche, menée par Dutton et d’autres personnes, met en évidence le fait que les conventions orthographiques (pour les diacritiques, les marques de voyelles, etc.) qui étaient utilisées dans les manuscrits coufiques sont nettement différentes des conventions utilisées dans les manuscrits ultérieurs, et même dans les éditions imprimées modernes produites en Égypte et ailleurs. Une différence pourrait être attribuée, au moins en partie, à la pratique localisée de l’Afrique du Nord.
Le présent article se penche sur la survie des conventions des manuscrits coufiques dans les copies manuscrites du Coran provenant d’Afrique. En particulier, j’examinerai l’utilisation de points colorés dans des textes du Maroc et du Nigeria. Je soutiendrai que la survie remarquable de ces caractéristiques orthographiques dans la période moderne sert non seulement à affirmer une identité locale, mais aussi à établir un lien avec une tradition ancienne plus large d’écriture du Coran.
Résumé: Une étude approfondie des anthologies de manuscrits de chansons en relation avec les traditions musicales andalouses du Maroc révèle quelques traits distinctifs qui, pris ensemble, suggèrent une sous-culture vivante reliant cette tradition musicale au prestige, à l’érudition et à d’autres valeurs sociales du Maroc de la fin du Moyen Âge et du début de l’ère moderne, en particulier à Fès. Parmi les caractéristiques communes à d’autres genres, on peut citer les méthodologies de base de l’écriture manuscrite (notation et encadrement de la zone de texte, etc.), l’utilisation de papiers de relativement bonne qualité, l’écriture maghribī mujawhar finement exécutée ainsi que les annotations et corrections occasionnelles ajoutées en tant que marginalia (parfois dans l’écriture originale, parfois non). Les caractéristiques qui distinguent nombre de ces manuscrits des autres genres comprennent l’utilisation élaborée d’encres de couleur, y compris la dorure, ainsi que l’utilisation occasionnelle de titres décoratifs maghribī thuluth, souvent en plusieurs couleurs. Les papiers de ces manuscrits sont particulièrement intéressants, car ils nous permettent de retracer la transition du papier vergé ancien ou antique au papier vélin moderne, parallèlement aux développements technologiques européens, mais avec un retard de quelques décennies. Même jusque dans les années 1930, alors que l’imprimerie avait submergé la production commerciale de livres, les amateurs de musique disposaient encore de copies manuscrites de haute qualité de ces anthologies, ce qui démontre l’aspect socialement prestigieux de la possession et de l’exposition de ces documents dans le contexte de la culture arabo-marocaine.
Résumé: Ce travail a duré près de dix ans (2005-2017). L’auteur a été intrigué par le fait que les cultures africaines locales étaient dévalorisées par les cultures entrantes, et que leur importance et leur expression personnelle distincte étaient ignorées par les érudits arabes.
En examinant de plus près le patrimoine de ces cultures, appelées « étrangères » pour indiquer leur statut d’étranger par rapport aux cultures qui prévalaient, l’auteur recherche le fondement de cette dévalorisation délibérée ou non délibérée d’un héritage qui s’est répandu sur tout le continent africain simplement parce qu’il est écrit en utilisant des caractères arabes.
L’auteur souligne que les érudits modernes ont ignoré les premiers écrits arabes dans de vastes régions de l’Afrique depuis Ibn Khaldun parce que, à part les références aux grottes ou aux artefacts, ces écrits ne prêtaient aucune attention au patrimoine africain qui prévalait dans les régions visitées par ces érudits, puisque la production culturelle restante était verbale et non enregistrable. Les principaux écrivains nationaux africains ont fait de même dans leurs domaines.
Cette recherche est le résultat d’une collaboration avec un certain nombre d’érudits spécialisés provenant de pays choisis par l’auteur, pour établir dans quelle mesure les manuscrits de ces pays reflètent le patrimoine des manuscrits en caractères arabes. L’auteur a sélectionné seize manuscrits en seize langues provenant de toute l’Afrique et les a organisés en deux volumes. Le premier volume comprend des manuscrits en huit langues dans l’ordre suivant : malgache, swahili, haoussa, peul, wolof, mandingue, songhaï et tamasheq. Le deuxième volume contient des manuscrits en berbère, soninké, sérère, kanuri, yoruba, nobiin, afar et afrikaans.