Résumé: Jusqu’à récemment, les manuscrits islamiques comportant des annotations en soninké écrites en caractères arabes sont passés inaperçus dans les bibliothèques européennes et les collections privées d’Afrique occidentale. Les éléments paratextuels de ces manuscrits, en particulier les références aux intellectuels locaux, donnent un aperçu des liens entre les textes, les individus et les lieux. Une étude attentive des paratextes conduit à l’identification de groupes distincts de manuscrits, les alignant sur des réseaux de savoir. Très souvent, les acteurs de ces réseaux sont reconnaissables dans leurs rôles individuels d’enseignants et d’étudiants. L’interaction entre les langues locales qu’ils utilisaient pour écrire, indique des méthodes spécifiques d’éducation islamique qui reliaient les différents groupes ethniques. L’article montrera comment les preuves manuscrites peuvent être utilisées pour reconstruire une image plus large de la tradition savante islamique en Sénégambie et au Mali aux 18ème et 20ème siècles.
Résumé: Les manuscrits arabes en Afrique subsaharienne constituent une énorme richesse et représentent un réservoir fondamental pour l’étude de la civilisation et des cultures africaines. A l’heure actuelle, il n’est pas possible de cerner le nombre de ces manuscrits éparpillés sur une vaste zone. Les index apparus ces dernières années sur l’Afrique subsaharienne demeureront incomplets tant que d’innombrables manuscrits seront encore enfermés dans des bibliothèques privées.
Cette recherche se propose de faire la lumière sur les facteurs et les circonstances qui ont contribué à l’émergence et à la diffusion de la culture des manuscrits et de ses traditions historiques, que ce soit en langue arabe ou dans les langues locales « Adjami » en Afrique subsaharienne, en mettant l’accent sur les mutations sociales les plus importantes qui ont engendré ces transcriptions en grandes quantités et qui ont nécessité l’utilisation de la lettre arabe pour l’écrire dans les langues locales tout en identifiant les canaux de communication qui ont contribué à sa diffusion.
Nous nous intéresserons aux principales stations historiques qui ont produit ces transcriptions, en se concentrant sur le XIXe siècle en raison de la production prolifique qu’il a connue. Nous prendrons le pays haoussa comme échantillon, étant donné l’expansion des manuscrits locaux rédigés en écriture arabe et la variété de ses domaines et de ses catégories.
Cette étude repose sur l’analyse des points suivants :
Déterminer les principales causes et circonstances qui ont contribué à l’émergence de la culture manuscrite en Afrique subsaharienne.
La diffusion des traditions historiques des manuscrits arabes et Adjamis.
Les réseaux intellectuels, sociaux et politiques qui ont contribué à sa diffusion
Les catégories des textes et leur importance historique
Résumé: Ce travail a duré près de dix ans (2005-2017). L’auteur a été intrigué par le fait que les cultures africaines locales étaient dévalorisées par les cultures entrantes, et que leur importance et leur expression personnelle distincte étaient ignorées par les érudits arabes.
En examinant de plus près le patrimoine de ces cultures, appelées « étrangères » pour indiquer leur statut d’étranger par rapport aux cultures qui prévalaient, l’auteur recherche le fondement de cette dévalorisation délibérée ou non délibérée d’un héritage qui s’est répandu sur tout le continent africain simplement parce qu’il est écrit en utilisant des caractères arabes.
L’auteur souligne que les érudits modernes ont ignoré les premiers écrits arabes dans de vastes régions de l’Afrique depuis Ibn Khaldun parce que, à part les références aux grottes ou aux artefacts, ces écrits ne prêtaient aucune attention au patrimoine africain qui prévalait dans les régions visitées par ces érudits, puisque la production culturelle restante était verbale et non enregistrable. Les principaux écrivains nationaux africains ont fait de même dans leurs domaines.
Cette recherche est le résultat d’une collaboration avec un certain nombre d’érudits spécialisés provenant de pays choisis par l’auteur, pour établir dans quelle mesure les manuscrits de ces pays reflètent le patrimoine des manuscrits en caractères arabes. L’auteur a sélectionné seize manuscrits en seize langues provenant de toute l’Afrique et les a organisés en deux volumes. Le premier volume comprend des manuscrits en huit langues dans l’ordre suivant : malgache, swahili, haoussa, peul, wolof, mandingue, songhaï et tamasheq. Le deuxième volume contient des manuscrits en berbère, soninké, sérère, kanuri, yoruba, nobiin, afar et afrikaans.