Le Dr Ahmed Chaouki Binebine est né en 1946 à Marrakech, au Maroc. Il travaille au Trésor Hassania du Palais Royal de Rabat. Il a obtenu son doctorat en 1986 de l’Université française sur le thème Tarikh khazayin al-kutub fi al-maghrib et un doctorat de l’Université de la Sorbonne en 1975 sur le thème Tatawur al-mustalah al-sufi min khilal diwan ibn al-farid.
Le Dr Ahmed Chaouki Binebine a occupé plusieurs postes et assumé de nombreuses responsabilités, notamment comme : Professeur de l’enseignement supérieur en 1986 à la Faculté des Lettres de Rabat, Directeur des bibliothèques, des manuscrits et des documents au Ministère de la Culture en 1994 et Directeur du Trésor Royal (Hassania) d’octobre 1994 à nos jours. Il est également membre de nombreux centres internationaux, académies, comités et conseils.
Il est l’auteur de plusieurs publications, notamment : Mujam mustalahat al-makhtut al-arabi en partenariat avec le Dr Mustafa Toubi, Tarikh al-maktabat fi al-maghrib en français et en arabe (traduction de Mustafa Toubi, 2002 sous sa supervision), et bien d’autres.
Le Dr Ahmed Chaouki Binebine a supervisé et commenté des centaines de thèses et de mémoires dans diverses universités marocaines et étrangères.
Résumé: Bibliothèques de manuscrits et centres du patrimoine de manuscrits en Afrique
Le patrimoine manuscrit arabe est le plus prolifique de l’univers, et le manuscrit africain, qu’il soit purement arabe ou dans un dialecte africain écrit en écriture arabe, fait partie du livre arabe, car il en est une alternative et une continuation sur les terres africaines.
L’objet de cet article est une lecture historique, biographique et codicologique dans le sens où il s’agit d’un regard sur la genèse de ce livre, son évolution et son contenu, et donc une recherche de ses calligraphies, types, origines, transcription et méthodes, et l’utilisation de la lettre arabe pour l’écrire, à d’autres questions paléographiques liées à la calligraphie africaine. Enfin, il aborde les outils et les supports d’écriture usités tels que le parchemin et le papier, et les recherches sur leur fabrication ou leur importation, avec une présentation des points de vue de certains des grands spécialistes du livre africain, comme l’orientaliste français Octave Houdas en 1916 et l’orientaliste anglais J. Hanwick en 2015 et la question que l’on se pose : ces lectures suggérées sont-elles possibles ? La réponse sera partielle car ce que nous avons entre les mains de ce patrimoine, dont la plus grande partie date du XIXe siècle et dont une petite partie a été écrite et copiée avant cette date, est peu consistant.
Et parce que ce patrimoine était délaissé et marginalisé par les populations locales et par l’orientalisme français, qui prêtait toute son attention à l’héritage arabe en Afrique du Nord. Plus généralement, ce patrimoine est encore au stade de la collecte, de la découverte et de l’indexation, et n’a pas encore atteint le stade de l’étude, des conclusions et des jugements malgré les efforts déployés par les organisations internationales telles que l’UNESCO pour tenter de collecter ce patrimoine pour écrire une nouvelle histoire pour l’Afrique de l’Ouest.
La source orale a été l’élément dominant dans l’écriture de ce patrimoine depuis le XIe siècle, à l’image de ce que l’on voit dans « Tarikh el-fettach » et avec Abd ar-Rahman Es Saâdi dans « Tarikh es-Soudan » et chez d’autres comme Ahmed Baba, à l’exception de l’apport des traductions de certains de ses contemporains et de ceux qui les ont précédés, notamment dans ses livres « Nayl al-ibtihāğ bi-taṭrīẓ al- dībāj » et « Kifayat al-Muhtaj » ; ces deux ouvrages étant annexés au « Al-dībāj al-mudhhab » de Ibn Farhoun (799 AH). La source orale est encore la base de la connaissance jusqu’à la fin du XXe siècle.
Le penseur malien contemporain Amadou Hampatê Bâ (1901-1991) dit :
Quand un vieillard meurt c’est une bibliothèque qui brûle.
When an old man dies it’s a library burns.
La preuve de l’importance de ce patrimoine et de la nécessité de rechercher dans ses propres collections en particulier est que de temps en temps, un vestige parmi les plus précieux de la langue arabe est découvert, comme cela s’est produit en 1999 lorsque « Al-Ḍarūrī fī ṣināʿat al-naḥw » du grand philosophe Averroès (595 AH) a été découvert alors qu’il était perdu pendant plusieurs siècles.