Darya Ogorodnikova est chercheuse au Centre d’étude des cultures du manuscrit (CSMC) de l’Université de Hambourg. Depuis 2013, elle travaille au CSMC dans une série de projets comparatifs portant sur les manuscrits subsahariens. Elle est spécialiste des langues mandées (soninké et mandinka) et de la codicologie des manuscrits islamiques annotés dans ces langues. Elle a mené des travaux de terrain au Sénégal, au Mali et au Burkina Faso. Elle termine actuellement sa thèse de doctorat à l’Université de Hambourg, qui porte sur l’éducation islamique et les réseaux de savoir, tels que représentés dans les manuscrits de la Sénégambie et du Mali. Ses publications chez De Gruyter et dans le journal de l’Afrique islamique comprennent des articles sur les acteurs, les lieux et les contextes de la production et de l’utilisation des manuscrits.
Résumé: Manuscrits islamiques et réseaux de savoir en Sénégambie et au Mali
Jusqu’à récemment, les manuscrits islamiques comportant des annotations en soninké écrites en caractères arabes sont passés inaperçus dans les bibliothèques européennes et les collections privées d’Afrique occidentale. Les éléments paratextuels de ces manuscrits, en particulier les références aux intellectuels locaux, donnent un aperçu des liens entre les textes, les individus et les lieux. Une étude attentive des paratextes conduit à l’identification de groupes distincts de manuscrits, les alignant sur des réseaux de savoir. Très souvent, les acteurs de ces réseaux sont reconnaissables dans leurs rôles individuels d’enseignants et d’étudiants. L’interaction entre les langues locales qu’ils utilisaient pour écrire, indique des méthodes spécifiques d’éducation islamique qui reliaient les différents groupes ethniques. L’article montrera comment les preuves manuscrites peuvent être utilisées pour reconstruire une image plus large de la tradition savante islamique en Sénégambie et au Mali aux 18ème et 20ème siècles.