Jonathan Eugene Brockopp

Jonathan E. Brockopp est professeur d’histoire et d’études religieuses à l’Université d’État de Pennsylvanie. Ayant étudié les premiers textes juridiques musulmans, il est l’auteur ou l’éditeur de plusieurs livres, dont « Early Mālikī Law » (Brill, 2000), « The Cambridge Companion to Muḥammad » (Cambridge, 2010), et « Muhammad’s Heirs : the rise of Muslim Scholarly Communities, 622-950 C.E. » (Cambridge, 2017). Depuis 2019, il est le directeur du Projet des manuscrits de Kairouan, un consortium indépendant d’universitaires qui se consacre à l’aide au soin, à la gestion, à l’étude et à la promotion des manuscrits de Kairouan. Le professeur Brockopp est actuellement titulaire d’une bourse Petra Kappert au Centre d’étude des cultures manuscrites de l’Université de Hambourg.
Titre du résumé du rapport de recherche : Histoire et importance de la collection de manuscrits de Kairouan
Peu après sa fondation en 670 de notre ère, Kairouan (al-Qayrawān) est devenue un important carrefour et centre d’études, particulièrement connu comme la patrie du premier juriste Saḥnūn b. Saʿīd (240/854), de l’historien local Abu l-ʿArab al-Tamīmī (333/944), et du prolifique savant Mālikī Ibn Abī Zayd al-Qayrawānī (386/996). Il n’est donc pas surprenant d’apprendre que les textes de ces trois savants se trouvent parmi les centaines de manuscrits qui constituent la bibliothèque de la « mosquée ancienne » de Kairouan. Ce qui est étonnant, cependant, c’est l’âge des manuscrits de cette bibliothèque. Elle comprend un fragment de la Mudawwana de Saḥnūn qui contient une remarque de lecteur (samāʿ) de 235 AH, cinq ans avant la mort de Saḥnūn, et des manuscrits de la main d’Abu l-ʿArab. Cette bibliothèque, qui contient vingt-trois des trente plus anciens manuscrits littéraires islamiques connus (à l’exception des corans), est sans doute la plus importante collection de manuscrits juridiques arabes anciens au monde.
Dans cet article, je vais brièvement retracer l’histoire de cette collection – comment a-t-elle été constituée et étudiée au cours des 100 dernières années ? Outre les principales découvertes résultant de recherches récentes, je soulignerai également le travail effectué par les conservateurs tunisiens pour cataloguer et préserver cet important vestige du patrimoine culturel tunisien, actuellement hébergé au Laboratoire national pour la préservation des manuscrits à Raqqada (Kairouan), Tunisie.